Emile Durkheim est un des fondateurs de la sociologie et ses ouvrages sont réputés interroger les seuls aspects sociaux de la vie collective. Cette image consacrée dissimule, pour Bernard Lacroix, un aspect essentiel de sa pensée. L'étude détaillée des premiers écrits d'Emile Durkheim, en révélant les principaux thèmes d'une pensée qui se cherche (l'Etat, l'autorité et la cohésion sociale) et le domaine d'investigation dans lequel elle s'inscrit (les sciences politiques et morales du temps) suffit à convaincre de l'enjeu politique de la réflexion initiale du sociologue. La restitution de l'itinéraire intellectuel de l'auteur dans ses rapports avec la trajectoire biographique de ce dernier (qui conduit Bernard Lacroix à présenter la première interprétation psychanalytique de la dynamique de l'oeuvre à partir d'un matériel d'archives inédit) confirme que plus Durkheim paraît s'éloigner de la société de son époque, plus le coeur de sa réflexion devient le pouvoir. Il est alors surprenant de découvrir, au terme de l'analyse, que le phénomène pouvoir est au centre d'un argument toujours repris au point de constituer peut-être l'un des principes d'unité de l'oeuvre du sociologue. Indéniable modernité d'une pensée jugée, à tort, prématurément défraîchie...
Ce livre se propose de montrer les orientations communes mais aussi la grande diversité des modes de travail des chercheurs se réclamant collectivement de la sociologie politique. Les contributions réunies dans cet ouvrage sont des dossiers argumentés sur les conditions de la formalisation et de la formulation de la politique, présentés en quatre parties : le mode de fabrication des institutions politiques, le libéralisme, l'Europe, la communication en politique.